Nord Eclair : « Le jardin transformé en champs de bataille… »
Le jardin transformé en champ de bataille…
Une drôle de polémique oppose le collectif d’architectes des Saprophytes et le comité de quartier de l’Hommelet. Le second a le sentiment que le premier veut s’accaparer son jardin du boulevard de Strasbourg. Et si c’était juste une grosse incompréhension ?
YOUENN MARTIN > youenn.martin@nordeclair.fr
Un organisme est dit saprophyte s’il est capable de se nourrir de matière organique en décomposition. Cette définition est donnée par le collectif « poético-urbain » des Saprophytes lui-même, une association lilloise qui regroupe des architectes, des urbanistes et des paysagistes. Aux yeux du comité de quartier de l’Hommelet, ce serait plutôt des parasites qui voudraient s’accaparer le fruit de leur labeur.
« On n’a pas du tout l’intention de se laisser marcher sur les pieds ! » tempête Bruno Lestienne, le permanent du comité.
Au centre de cette polémique, le petit jardin que le comité de quartier a aménagé derrière ses locaux du 64, boulevard de Strabourg et entretient depuis 2006. Il ne paie pas de mine, mais a son charme et un couple de paon, un cochon vietnamien, un coq, des poules, un bouc et des abeilles y coulent des jours heureux. Cette parcelle a tapé dans l’oeil des Saprophytes à qui on a confié le projet des « jardins rêvés » dans le cadre de l’aménagement de l’Union (lire encadré). Une délégation du collectif l’a visitée en mars, en présence du jardinier du comité de quartier, Mahmoud Zaïri. Ni Bruno Lestienne, ni Sylvie Thilloy, la présidente, n’étaient présents.
Cascade d’événements
Ensuite ? Plus aucune nouvelle jusqu’à ces jours derniers, selon Bruno Lestienne – mais Pascaline Boyron, du collectif des Saprophytes, assure avoir parlé à Sylvie Thilloy par téléphone mi-septembre. Toujours est-il que cette semaine, toute une série d’événements a mis le comité de quartier en émoi. D’abord une lettre de la mairie de Roubaix leur demandant de mettre à disposition des Saprophytes le jardin. Puis un panneau annonçant « Ici, bientôt un jardin » vissé sur la façade du 64, boulevard de Strasbourg. Puis la découverte de photos du jardin sur le site des Saprophytes où il est peu mis en valeur. Enfin un article dans nos colonnes (notre édition de vendredi) avec la liste des sites retenus par le projet, dont le 64 boulevard de Strasbourg.
Sylvie Thilloy et Bruno Lestienne se sentent spoliés. Pour eux, c’est clair, on veut les mettre dehors. « Ces gens-là, un collectif de bobos qui voyagent entre Montréal et Detroit, veulent s’approprier notre travail et nous faire passer pour des gens sales », accuse le permanent du comité.
Oui mais… Les Saprophytes jurent qu’ils n’ont jamais voulu s’accaparer le fameux jardin. La mairie de Roubaix, propriétaire du terrain, aurait mal interprété une demande purement administrative pour une question d’assurance. « C’est un malentendu terrible, réagit Pascaline Boyron. On est jugés sans avoir pu s’expliquer. » La paysagiste est d’autant plus désolée qu’elle se souvient d’échanges très sympathiques avec Mahmoud Zaïri le jardinier. « Je suis vraiment triste que ça se passe comme ça, insiste-t-elle. Notre rôle est de poser un cadre, de mettre en réseau des initiatives qui existent. Les structures restent les porteurs du projet. » La Saprophyte espère pouvoir en parler de vive voix avec Sylvie Thilloy et maintient sa proposition de « jardin rêvé » à l’Hommelet. Sinon, tant pis. Les Saprophytes ne passeront pas en force.
Nord Eclair
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