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Commercialisation de « Christelle de Roubaix » : un badbuzz perso est un viol collectif virtuel !

Suite à mon billet sur Christelle de Roubaix, je préparais celui-ci en voulant théoriser sur le badbuzz  en tant que viol virtuel Mais depuis hier, un pallier vient d’être franchi par la commercialisation du morceau « Christelle de Roubaix » sur iTunes, ce qui m’oblige à adapter. Pour la première fois, on vend les fruits d’un badbuzz orchestrés.

Christelle de Roubaix

le titre « Christelle de Roubaix » en vente 1,49€ depuis vendredi

Rappelons d’abord le schéma d’un badbuzz qui me semble comparable à un viol : une victime fragile et innocente, et un bourreau, à la différence que le bourreau est ici une multitude d’internautes bien cachés derrière leurs écrans. Comme « excuse », les propulseurs de buzz négatif prétendent que, sur le web la victime est consentante puisqu’elle initie ou y contribue elle-même. Le cas le plus célèbre est StarWars Kid, un jeune qui fera un séjour en hôpital psychiatrique en s’en rendant compte. Le cas d’Amandine du 38 est intéressant car c’est également une radio, NRJ, qui révèle aux internautes le rap improbable de la jeune fille. On se souvient aussi de Isabelle Moreau, avec un CV en vidéo parodiant Soeur Sourire et là c’était toute une communauté de jeunes étudiants en marketing et community management qui s’était ruée méchamment contre la chercheuse d’emploi. Les commentaires se diffusent en masse, avec parfois une violence inouïe car arrive un moment où l’émetteur original ne contrôle plus les publications conséquentes. Et autre point commun, le badbuzz reste dans les mémoires et la victime en garde des séquelles ou un très mauvais souvenir.

Malheureusement, on peut parier que c’est un mouvement qui ne s’arrêtera pas avec la justinbieberisation de la culture ado et de la banalisation de la téléréalité : de plus en plus de jeunes vont continuer de croire que chanter des chansons improbables sur youtube fera d’eux des stars et que, en face, tout un chacun va se croire autoriser à les juger, et à les dénigrer, non seulement sur twitter et sur facebook, mais aussi sur des sites dédiés, et que parfois les medias traditionnels relaient. Bref, avec les « succès » de Michael Vendetta et de Cindy Sanders, on s’inscrit peu à peu dans une société du jugement de l’autre, loin de valeurs philanthropiques et de solidarité.

Évidement, ca touche à la question à l’atteinte de l’identité numérique de la personne et de son identité tout court. C’est aussi une opposition de groupes sociaux, les internautes et les communicants trouvant sans doute sympathique de se moquer d’une personne modeste, hors milieu, ou qui « débarque ».

Il devient dès lors nécessaire de former les gens, notamment les plus démunis, victime de la fracture numérique, non seulement à l’utilisation pratique du net, mais à la vigilance et au contrôle de ses propres communications, face aux prédateurs-buzzeurs pour qui tout est bon pour faire du buzz (ou de l’audience). Mais il s’agit aussi de faire prendre conscience aux milliers d’internautes relayeurs du buzz de la notion de respect de l’individu, de sa nature, de son milieu ou du fruit de sa création, et ça, c’est pas gagné !

Notez bien que dans le cas de Christelle, ce n’est pas elle qui initie le buzz, mais la radio du groupe Lagardère qui la repère lors d’un canular, la relance, l’identifie, et en fait un personnage récurrent de l’émission pour, au départ, une blague potache. Sauf que, par la mise en scène d’un single-jingle façon VDB, et l’effet de comparaison avec Lady Gaga ou Madonna, l’humour est du registre de la raillerie, la position de la radio restant assez troublante, comme on l’apprend dans Nord Eclair. Christelle est une vraie personne (c’est son vrai prénom) et pas un personnage fictif d’un film de Dany Boon, ni René la Taupe, on a un peu tendance à l’oublier.

Depuis ce vendredi, les internautes peuvent acheter les deux morceaux, à 1,49€ le single estampillé Virgin Radio, sur iTunes, et il y a de quoi être profondément choqué : c’est non seulement l’identité d’une personne, son accent, et son image, qui sont marchandés, sans doute pour pousser la plaisanterie encore un peu plus loin, mais aussi, quelque part, une atteinte assez discutable envers l’image de la ville de Roubaix, et ses habitants, citée nominalement dans le titre. Reste à souhaiter encore une fois à Christelle et à sa famille de s’en amuser au mieux !

A lire dans Nord Eclair.

MàJ : Voir aussi : « Pourquoi participe-t-on à un lynchage collectif ?« 

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