Nord Eclair : « Pas de subvention 2.0 pour leBlog2Roubaix »

Toute l’équipe du comité de quartier se sent menacée. Le déficit risque d’être important en fin d’année.

Le comité de quartier de l’Hommelet aurait-il dû se méfier de la promesse orale et sous condition du maire en mars dernier ? Les 20 000 E qu’il espérait pour faire vivre son blog vidéo ne seront pas versés. Problème : deux journalistes reporters ont déjà été embauchées.

Il faut toujours lire les petites lignes. René Vandierendonck s’est-il engagé sans condition à financer, en tant que maire de Roubaix et futur vice-président du conseil régional, les postes de journalistes-blogueurs du comité de quartier de l’Hommelet ? Sylvie Thilloy, la présidente, et Bruno Lestienne, le permanent, assurent que oui, qu’ils y ont cru au point de signer les contrats de leurs deux reporters professionnelles, Sophie et Macha, dans la foulée. « On y croyait très fort, on a besoin, dans une ville comme Roubaix, d’avoir des élus qui tiennent leur parole » , confie Bruno Lestienne.
Effet dominos
Après tout, dans un courrier daté du 17 mars, Fabrice Belin, l’adjoint à la démocratie participative, joignait un tableau de financements où apparaissaient les 20 000 E – 15 000 E de la Région, 5 000 E de la Ville – promis au titre des nouvelles technologies.
Avec cependant une précision entre parenthèses : « en cours d’instruction Région ».
Or, peu après, le conseil régional décidait de ne pas soutenir le blog du comité de quartier de l’Hommelet. Fabrice Belin était venu annoncer la mauvaise nouvelle lors de l’assemblée générale de juin. Premier coup dur. Nouveau coup dur cette semaine en apprenant que le conseil municipal sera appelé à voter jeudi soir l’annulation de la subvention de 5 000 E. « Qu’est-ce qu’on fait alors ? interroge Sylvie Thilloy. On ferme ? On arrête ? » Joint par téléphone, Fabrice Belin affirme que la délibération du prochain conseil municipal n’a rien de définitif. « Ce ne sont pas les 5 000 E de la Ville qui vont régler le problème, dit-il. On a toujours eu le même discours : on est partants, à condition de ne pas être les seuls financeurs. La Ville n’est pas un tiroir-caisse. » Comme il l’avait fait en juin lors de l’assemblée puis en juillet dans un courrier sans ambiguïté, il invite le comité de quartier à chercher des financements extérieurs. S’il y parvient, « on sera tout à fait d’accord de prendre notre part ».
Le comité de quartier a bien déniché des prestations, mais il ne peut pas se permettre de facturer très cher à d’autres structures associatives les reportages qu’il réalise pour elles. En espérant que le conseil municipal retirera l’annulation des 5 000 E de son ordre du jour, Sylvie Thilloy et Bruno Lestienne lancent une pétition, avec possibilité de témoigner face caméra. Le tout est bien sûr accessible… depuis leur blog.

FAUT-IL SUBVENTIONNER ENTIÈREMENT LES « BLOGS CITOYENS » ?
Le blog2roubaix s’est taillé une petite réputation au gré de ses billets. Il revendique une ligne éditoriale indépendante mais nécessite néanmoins d’être fortement subventionné. Les deux sont-ils compatibles ?«Financer notre blog, ce n’est pas jeter de l’argent par les fenêtres », assurent Sylvie Thilloy et Bruno Lestienne. Le blog du comité de quartier, baptisé blog2roubaix, a certes été souvent cité en exemple. Actif, régulièrement alimenté, il traite de nombreux sujets et donne la parole à des habitants qui ne la prendraient pas forcément d’eux-mêmes.Pas de critique systématique « Nous, on met en débat, explique Bruno Lestienne. On a pu être polémique deux ou trois fois depuis la création du blog, mais on n’est pas dans la critique systématique. » Si le blog2roubaix a fait le « buzz » récemment en publiant l’extrait vidéo du reportage sur l’Islam de John-Paul Lepers, on a pu aussi voir son équipe accompagner le comité Miss Roubaix à l’élection de Miss Flandre.En se gardant bien de remettre en cause l’utilité d’un « blog citoyen », l’adjoint à la démocratie participative, Fabrice Belin, souligne que le bondyblog, qui repose sur le même principe, « est totalement autonome de la collectivité territoriale locale ». Et il rappelle que « ce n’est pas parce qu’on pousse un coup de gueule cinq minutes dans la presse qu’on obtient le chèque de la mairie ». L’indépendance éditoriale a un prix.D’ailleurs, depuis peu, la Ville de Roubaix s’est offert sa propre web-télévision. Financée par le contribuable roubaisien, elle ne risque pas de diffuser d’images dérangeantes. Mais le comité de quartier se refuse à polémiquer sur le sujet. « C’est de la communication, ça n’a rien à voir avec ce qu’on fait, mais ça ne nous dérange pas », affirme Bruno Lestienne. Sur cette question, Fabrice Belin botte gentiment en touche : communication et démocratie participative sont deux lignes budgétaires différentes. Y.M.